La chiromancie vous dira que vous tenez votre vie dans le creu de votre main. Dans la ligne de vie dessinée dans ma paume, se trouve paraît-il la marque d’un choix radical. Le savoir est une chose. L’accepter en est une autre. Après avoir longtemps reculé devant l’obstacle et fait des tours de piste, je suis maintenant prête à m’engager totalement dans ce nouveau chapitre.
Je ne suis pour le moment pas en mesure de dispenser de cours de yoga. Le faire en personne sous nos latitudes relèverait de l’impossible; la bilocation n’est toujours pas d’actualité pour ce corps. Sur Skype, le réseau au Bangladesh est malheureusement trop instable pour assurer la qualité de présence qui nous importe.
Je vous remercie du fond du coeur de m’avoir suivie ces dernières années, par les cours, par le blog, ou autrement encore.
Je reste joignable, et espère d’ici quelques temps être en mesure d’accueillir les plus téméraires qui souhaiteraient passer du temps dans notre ashram. Lors de mes passages en France, dès cet été, je ne manquerai également pas de vous proposer des rendez-vous.
Ce blog entre en hibernation le temps que matière suffisante soit trouvée pour le nourrir. Et d’ici à nos prochains échanges, je vous souhaite toujours plus d’espace intérieur.
Comme ce phénomène est courant lorsqu’on médite, mon maître explique qu’il n’y a que deux types de visions : les prophétiques, et les égoïstes. Les premières sont très très rares ; les secondes, aussi subtiles et élevées soient-elle, ne sont souvent qu’une projection psychologique d’ordre personnel.
Michel de Certeau parle dans la Fable Mystique du « ‘vertige’ de ne pas savoir ‘à quoi m’en tenir sur le désir de l’autre, sur ce que je suis pour lui' », ce « savoir » qui est la base du contrat social. C’est valable aussi au niveau intra-personnel, de soi contre soi-même : le mental « propriétaire », plein de certitudes, lutte pour ne pas perdre son territoire au profit du mental « spirituel », libre donc imprévisible. Et avec beaucoup de ruse, le premier saute sur toute diversion possible pour ralentir voire inverser la prise de terrain du second. En d’autres mots : dès qu’un peu d’espace intérieur est libéré, appelé par la peur du vide le Prédateur Intérieur* pointe le bout de son nez ; pour reprendre le contrôle de la situation, il se ventouse à tout objet disponible qu’il considère plus « normal ».
Et là c’est « Closer », c’est « Confessions Intimes » – en mode ashram. Tu vis le coup de foudre improbable. Ce moment où tu te rends compte que oui, ça fait bien 45 minutes que tu vois défiler devant tes yeux la vie (palpitante bien sûr) que tu vas mener dans les 25 prochaines années… tout ça, à partir d’un visage que tu as à peine croisé en entrant dans le hall de méditation.
Au départ, y’avait ça :
« Coucou ! Je t’aime !
Mais dis-moi, comment tu t’appelles ? »
Mais on te refait le coup. Et pas qu’une fois. Et avec des variations (histoire de ne pas s’ennuyer)… Alors ça donne ça :
« C’était juste mon imagination
Qui court qui court
Juste mon imagination
Partie en sprint… »
Viveka : le discernement. Cette précieuse compétence qui permet de séparer le bon grain de l’ivraie, ou la construction mentale de ce qui est là, palpable, réel, concret – souvent pas grand chose. Je classe cette qualité sous l’en-tête shaucha des règles morales du yoga : c’est une forme d’hygiène. Suffit « seulement », ensuite, de développer la volonté suffisante pour revenir au présent. Parfois ça se fait à la rame en contre-courant avec des saumons à esquiver, parfois c’est aussi doux que l’arrivée d’une plume de duvet sur la surface lisse d’un lac.
* le « Prédateur Intérieur » est un des archétypes de la psyché féminine selon les travaux de Clarissa Pinkola Estes, poétesse et psychologue américaine d’obédience jungienne. Mais je crois qu’il est valable pour les hommes aussi, non ?
J’interprète ça comme l’optimisme peiné (et un peu enrhumé) du retour de l’absorption méditative…
« Tais-toi, ne te justifie pas,
« Ca ne servira pas.
« Je suis heureuse
« Que tu sois là.
« Chut, ne dis rien.
[…]
« Vrai ou faux, m’est égal,
« Tant que tu es avec moi.
« Chut, ne dis rien. »