Il est rare que je parle de moi, ou des choses qui me froissent. Parce qu’il n’y a pas grand chose à raconter, dans le premier cas ; et qu’il y en a peu, dans le second. Pourtant, depuis quelques temps, et plus intensément encore depuis ce retour de voyage, je me sens forcée de répondre à des questions auxquelles je pensais échapper, et de prendre des décisions devant lesquelles je reculais.
Je ne me reconnais pas dans la manière dont le yoga est présenté aujourd’hui chez « nous ». Je vomis le discours miracle, je déteste l’appropriation sportive, je refuse le besoin de reconnaissance sociale dont témoignent nombres de mes confrères, et j’abhorre l’injonction médiatique au bonheur et son pan commercial. Le yoga n’est pas une gracieuse image de contorsion assaisonnée d’un lieu commun ; il dépasse de loin une licence exotique à entraîner son corps ; il ne se limite pas à une satisfaction temporaire due à une poussée d’adrénaline ou d’endorphine. Il se situe à l’opposé de l’ego boost. Nous disons avoir aboli la colonisation. Pourquoi continuons-nous à apporter cette touche gentillette d’excitation à notre vieille cuisine en allant encore et toujours voler les épices d’ailleurs ? Pourquoi ne pas, enfin, changer de recette ?
Pour moi, le yoga est un engagement envers soi-même de faire du tri, de créer de l’espace, dans nos croyances, dans nos actes quotidiens, dans nos relations. Il appelle à un long, patient, et courageux dépouillement. Il implique de développer une connaissance de plus en plus subtile de soi, jusqu’aux mouvements les plus indicibles. Il nécessite un désapprentissage. Il nous entraîne dans un retour vers cette « étincelle » qui nous a été portée depuis l’origine des temps, qui fait battre chaque coeur, qui lie notre matière, aussi raffinée soit-elle, à la totalité du créé – et nous invite à nous y installer durablement.
Seul cela mérite le nom de yoga. Et seuls les jeux de miroir d’une relation personnelle approfondie peuvent y guider.
Sat : vérité
Chit : conscience
Ananda : joie
Prem : amour
Je pourrais philosopher sur ces concepts des heures (ou des pages) durant.
Nama, rupa : un nom, une forme ?
Neti, neti : ni ceci, ni cela.
A vous de découvrir ce que cela signifie pour vous. A vous de décider si c’est cela que vous désirez.
Je choisis donc d’aller vers une confidentialité croissante. Dans un premier temps, cela va signifier l’arrêt définitif des ateliers mensuels publics. Ceux planifiés en juin et juillet sont de facto annulés. Dans un second temps, il s’agira de rester uniquement à la disposition de ceux qui viennent avec sincérité et trouvent le courage de demander. Quelle que soit la structure que cette demande prend. Vous savez où me trouver. Et non, ce n’est pas tout public. Arrêtons de confondre équité et égalité. Un lieu commun : « il faut de tout pour faire un monde ». Je ne souhaite plus participer à celui du divertissement.
x’om,
Débo
J’ai entendu ton message. Merci de l’avoir partagé!