Cher Yoga,
Il paraît que le yoga sauvera le monde. Mais est-ce vraiment pour tout le monde ? Les personnes en fauteuil roulant peuvent-elles pratiquer ? Et les sourds-muets ?
Anne-Laure, Paris
La preuve par l’exemple.
En 2011, professeur de yoga toute neuve, j’ai dû remettre en question la presque totalité de mon apprentissage : un de mes premiers élèves se préparait aux Paralympiques.
Depuis le printemps 2015, une fois par semaine, je rejoins un petit groupe dans un centre de réinsertion d’une grande association caritative fondée par un prêtre français. Entre autres détails atypiques portés par les résidents qui m’y retrouvent : diverses prothèses, des séquelles handicapantes de maladies dont on a pourtant aujourd’hui des cures, des hygiènes de vie difficiles, des convalescences compliquées. A la demande des élèves, nous chantons trois « Om » à la fin du cours. J’adore l’expression sur le visage du jeune sourd-muet, élève modèle quant au travail postural et respiratoire, lorsque nous unissons nos voix pour lui, pour qu’il en ressente la vibration.
A partir du moment où tu es en vie – donc que tu respires – tu peux pratiquer le yoga. Certes, selon tes possibilités et tes limitations, ce sera peut-être un yoga bien éloigné des poses acrobatiques qui pullulent en quête de reconnaissance sur Instagram.
Le seul pré-requis : avoir envie de grandir, de lâcher les fausses identifications, de trouver la stabilité heureuse en soi. Parfois, même, les exercices ne sont pas nécessaires ; la vie se charge de marteler la leçon.
Rends-toi bien compte : l’humanité n’est pas le monde. Et qui a dit que le monde avait besoin d’être sauvé ?
x’om,
Débo
Cher Yoga ouvre le courrier des yogis francophones : débutant.e.s, confirmé.e.s, curieu.ses.x ou réfractaires, envoyez vos questions ! Qu’elles portent sur la pratique de près ou de loin, qu’elles soient terre-à-terre ou mystiques, Débo tentera d’y répondre. La règle du jeu : sans recette miracle, avec humilité, et des pincettes un peu décalées, ses réponses pousse la réflexion à d’autres questions. Utilisez l’espace des commentaires sous chaque Q&R, l’email, ou Facebook, pour envoyer vos questions.
J’aime vraiment ton article. Ayant commencé plus âgé et avec moi-même des handicaps, j’ai très vite compris que le yoga devait d’abord être le respect de soi, de ses propres limites et ensuite une oeuvre de partage.
Je donne des séances de yoga et de respiration dans les homes où la moyenne d’âge est de 85 ans. je reçois au centuple ce que j’essaie de donner, c’est magique.
Alexandre
Take a breath and be relax
Merci Alexandre pour ton message et témoignage. Om, Débo
Bonjour Débo, merci pour cette article. Je suis jeune prof de yoga, et je suis un peu perdue dans tout ce que je vois, et trouve à Paris. Avant de devenir prof, j’étais à la fois engagée de manière salariée et bénévole dans diverses assos. Aujourd’hui, je prends un plaisir immense dans mes cours, mais le « monde parisien » du yoga ne me nourrie pas assez. J’ai besoin de réorienter ma pratique vers d’autres personnes, envie de retrouver un contact avec un monde plus vaste et d’autres profils. Voir que tu donnes des cours dans d’autres lieux me donne beaucoup d’espoir. Je vois bien qu’en vinyasa j’ai du mal à m’adapter à des personnes en souffrance, alors à moi aussi de déconstruire, de réapprendre dans la joie et la bonne humeur. Merci en tout cas.
Bonjour Alice,
Merci pour ton message. Je te comprends, compatis, et te soutiens ! Si cela t’intéresse, viens voir un cours associatif (et participer). On pourra papoter ensuite.
Bises + Om.
J’aimerais beaucoup oui !
Avec plaisir. Envoie-moi un email, et on s’organise.
alice.ollagnon@gmail.com :)